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Daniel Appell, guide naturaliste, accompagnateur en montagne

Comment devenir Accompagnateur en montagne ?

L' »accompagnateur moyenne montagne », selon la terminologie officielle, est un diplôme délivré par l’état français, via le ministère de la jeunesse et des sports. Jusque là, tout va bien…

Le diplôme d’état d’accompagnateur en moyenne montagne

Ce diplôme et la profession qui en découle voient officiellement le jour en 1976, aboutissement d’un processus débuté après la seconde guerre mondiale. Rattaché aux brevets d’alpinisme, il devient l’alter ego du guide de haute montagne. Là où les ennuis commencent !
Car, bien que désormais ces deux professions fassent cause commune, il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les années 50, au plus fort de la folle course égocentrique au premier 8000 m, qui se souciait de flore, de faune, d’environnement, d’écologie ?
Quelques précurseurs, des lanceurs d’alertes, c’est tout. Seul comptait le nom et la nationalité de la cordée victorieuse, forcément héroïque ! La lecture des récits d’expés, d’ailleurs passionnante, ne laisse aucun doute.
Dans ce contexte historique, les gentils accompagnateurs, caricaturés en amateurs de fleurs et de bébêtes, ont eu un peu de mal à faire leur trou.
Cette époque est bien révolue.
Les accompagnateurs en montagne sont aujourd’hui des acteurs incontournables du paysage économique montagnard. Tout le monde, exceptés quelques climato-septiques attardés, a compris l’importance de la nature et de ses différents avatars modernes, environnement, biodiversité, développement durable, sobriété heureuse…
Soyons optimistes !

Guide ou accompagnateur en montagne ?

Tout cela n’a aucun rapport avec l’accompagnateur en montagne ? Bien au contraire ! C’est, à mon sens, le cœur de la profession !
Cette question d’altitude, tout d’abord. Contrairement aux apparences, qu’il s’agisse de moyenne ou de haute montagne, là n’est pas la différence.
Car comment définir l’une et l’autre ? L’altitude n’y peut pas grand chose ! À 3000 m, vous êtes en moyenne montagne et à 3001 m, en haute montagne ? Cela ne correspond évidemment à rien sur le terrain.
Entre un ubac à 1500 m, qui ne voit que rarement le soleil et un adret bien exposé, à 2500 m, je choisi sans hésiter le second pour mon bivouac !
La flore a bien compris cela. Une hêtraie qui va culminer à 1800 dans les pré-alpes, s’offrira son « 8000 » à 2500 m dans les Abruzzes, au soleil de l’Italie ! Car bien que l’altitude ne soit pas franchement la même, les conditions pour le bon développement d’un hêtre y sont réunies dans les deux cas. Les exemples de cette adaptation sont légion.
Flore et faune n’ont pas besoin de diplôme et nous donnent cependant la leçon quotidiennement !

C’est pourquoi les « accompagnateurs moyenne montagne », pas bêtes, se sont rebaptisés comme des grands « accompagnateur en montagne » !
Pointant ainsi directement les différences entre guides et accompagnateurs, c’est à dire les terrains sur lesquels ils sont autorisés à évoluer accompagnés de leurs clients. Et surtout les moyens techniques implicitement nécessaires pour y progresser en sécurité.
À l’accompagnateur, une bonne paire de chaussures de rando, des raquettes pour l’hiver, des bâtons, cartes et boussole. Sentiers, chemins, GR et autres itinéraires de randonnées sont au programme. Dans le monde entier.
Au guide, corde, mousquetons, piolets et crampons ainsi que toutes les pratiques gestuelles d’escalade, de manip de corde et de confection de nœuds fiables qui vont avec. Les joies de l’alpinisme ! Glaciers, neiges éternelles, face nord et arrêtes de neige aériennes sont leurs terrains de prédilections.
Cependant, comme toujours, les limites sont floues à la marge, car l’accompagnateur saura sortir un brin de corde, deux trois mousquetons et un nœud bien senti pour faire passer à ses clients un couloir d’avalanche pourri par la pluie et glissant comme un patinoire. Le tout sous l’orage estival…
Ou vous emmener au bout du monde avec comme objectif un quasi 7000 m, l’Aconcagua, où il « suffit » de suivre un joli petit sentier…

Pour l’un comme pour l’autre le maillot de bain restera le plus souvent une curiosité, sauf dans les Calanques bien sûr, ou en Grèce. Mais une polaire et une bonne veste seront toujours au fond du sac, pour l’un comme pour l’autre !
Et sur certains itinéraires mythiques, le tour du Cervin par exemple, ou encore la traversée et l’ascension du Grand Paradis, ils se relaieront pour vous accompagner dans la traversée d’un glacier ou gravir une pente enneigée.
Aujourd’hui, partir randonner avec un accompagnateur en montagne, signifie en général, marcher sur des chemins de types alpins ou nordiques, écouter le tumultes des torrents, le chant des oiseaux, observer les chamois, pister une hermine, observer la flore, lire la neige, se ressourcer dans des paysages magnifiques au contact de la nature, gravir un sommet pour les plus sportifs ou juste casser la croute là-haut…
Cependant, accompagner et guider dans les montagnes voyageurs ou touristes, relève depuis longtemps des activités des gens de montagne :
agriculteurs, éleveurs, bergers, instituteurs, religieux, pasteurs, passeurs, braconniers…
Le métier d’Accompagnateur en Montagne est une profession jeune… mais ancestrale !

L’accompagnateur en montagne, un métier de passionnés !

De façon plus académique, titulaire du Diplôme d’État, l’accompagnateur est une éducateur sportif, formé et qualifié pour accompagner des marcheurs dans les milieux montagnards, tout au long de l’année.
Randonnée, conduite et gestion de groupe, techniques d’orientation et de sécurité, gestes de premiers secours, faune, flore, météorologie, géologie, nivologie, environnement… Autant de cordes à son arc.
Un cursus associé à une sélection rigoureuse qui demande en moyenne trois années pour être accompli avec succès. Et le fameux « probatoire » comme porte d’accès.
Entendez deux journées bien remplies composée une randonnée corsée à réaliser dans un temps maximum suivie d’un parcours du combattant hors piste, terrains pourris garantis, histoire de vous mettre dans le rouge et voir si vous tenez encore debout.
Pour finir, le lendemain, une course d’orientation grandeur nature qui ne sourit qu’aux plus affûtés… Un programme que certain disqualifie mais qui pourtant me semble bien vue : la montagne ce n’est pas toujours le ciel bleu et les petites fleurs…
Cerise sur le gâteau, un entretien de motivation, qui s’avère finalement peut être le plus important ?
Sans une solide culture montagnarde préalable, une curiosité pour la diversité des milieux montagnards, les gens de montagnes, les activités sportives et professionnelles que l’on y trouve, le candidat accompagnateur une fois diplômé, risque d’être déçu.
Et tomber dans un quotidien rébarbatif et routinier, tous en file indienne derrière moi, qui risque de faire vite fuir les clients…
Culture montagnarde qui passe par la pratique de nombreux sports de montagne, ski, escalade, ski de rando, parapente, ski de fond, alpinisme, randonnée, vtt, raids, etc et une bonne connaissance des autres activités professionnelles qui y sont liées.
Agriculteurs, éleveurs, bergers, pour des randonnées à la découverte des alpages et de leurs délicieux fromages. Hôtelliers, propriétaires de chambre d’hôtes ou gîtes de charmes, pour offrir à vos clients un hébergement de qualité. Instits, pour les randonnées scolaires, gardiens de refuge, pour les étapes montagnardes, botanistes, géologues, éthologues, garde-moniteur dans un parc national, spécialiste de la faune, climatologue, et que sais-je, autant de spécialiste qui vous feront découvrir les multiples facettes de la montagne.

La passion est sans doute le véritable fil d’ariane pour un accompagnateur. Accompagner petits et grands sur les chemins de montagne nécessite un bon sens relationnel, un brin de pédagogie, surtout avec les plus jeunes, beaucoup de patience, le soucis permanent de la sécurité de ses clients, pour que chacun puisse apprécier, bénéficier et découvrir les richesses naturelles et humaines, la biodiversité montagnarde, faune et flore, les grands espaces naturels.
Et une wilderness, aujourd’hui essentielle. Passionné du milieu montagnard, chaque accompagnateur a cependant son jardin secret. Il connait particulièrement bien les randonnées de « son » massif, mais n’hésite pas à empruntent régulièrement les chemins d’autres contrées, plus ou moins lointaines. Pour randonner toute l’année et découvrir d’autres horizons, d’autres cultures, d’autres pratiques…
Avec une curiosité toujours à l’affût. Le plus souvent, il a eu une vie avant d’être accompagnateur ! Architecte, biologiste, menuisier, artisan, prof, astronome, tout est possible.
Expériences, connaissances et domaines de prédilections qui font de chaque accompagnateur un cas unique, au grand bénéfice des amateurs de randonnées accompagnées !
Travailleur indépendant ou salarié, l’accompagnateur peut vous offrir ses services via un bureau des guides, une agence spécialisée, un centre de vacances, un office de tourisme, un parc naturel régional, un site web…
Et nombreux sont ceux qui, l’hiver venu, endossent l’uniforme de moniteur de ski, de pisteur-secouriste ou d’une autre activité artisanale liée à leur terroir et au milieu montagnard.
D’autres exercent en parallèle, tout au long de l’année, une seconde activité professionnelle.
Vivre de sa passion est un privilège. Mais dans le contexte économique actuel et avec une offre abondante, ce n’est pas une sinécure.
L’accompagnateur aura d’autres casquettes à porter : comptable, informaticien, photographe, agent commercial, polyglotte, pédagogue, diplomate, secouriste… Merci Prévert.
Sans oublier de concevoir de belles randonnées pour accompagner ses futurs clients !
Pas de quoi s’ennuyer.
Alors, avis aux amateurs ! La passion permettant de soulever les montagnes, le succès au « proba » vous ouvrira les portes d’une formation enrichissante et d’un métier formidable.
Mais ce ne sera pas de tout repos… N’oubliez pas vos vitamines !

Comment devenir accompagnateur en montagne ?

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