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Daniel Appell, guide naturaliste, accompagnateur en montagne

Du latin en botanique

La botanique, par souci de précision des descriptions, engendre des mots bien spécifiques qu’il est important de connaître. Ainsi qu’une taxinomie, ou science de la classification des êtres vivants, en latin… Eh oui ! Que serait la botanique sans le plaisir de la poésie des noms latins ?

Prenez une flore des fleurs de montagne et parcourez au hasard les descriptions des quelques 4000 fleurs des Alpes…

Outre les abréviations, parfois fumeuses, vous allez rencontrer glabre, penné, involucre, bractée, lancéolé, capitule, verticillé, et j’en passe…

Du côté des noms données aux belles, l’affaire se complique. Beaucoup sont en français mais souvent des variétés moins répandues ou secondaires sont simplement nommées avec leur nom latin.

Prenez les Centaurées. Ma flore en dénombre pas moins de treize ! Entre la Centaurea rupestris et la Centaurea alpestris, même sans être un latiniste chevronné, il est aisé de s’en sortir. Mais entre la Centaurea badensis et la Centaurea nigrescens, les choses se compliquent.
Où je me prend à regretter mon ignorance latine !

Autre exemple avec la jolie Scabieuse des bois. Selon les ouvrages vous pourrez aussi la trouver sous le nom de Knautie. Il s’agit bien de la même fleur, simplement dans le premier cas le nom vernaculaire est utilisé, dans le second, il s’agit du nom latin francisé : Knautia dipsacifolia !

Bref, sans le latin, la botanique y perdrait un peu de son charme et de sa précision. Mais ce n’est pas tout !

Mentionnez la Nigritella nigra à un botaniste japonais, langue dont vous ne parlez pas un seul mot (et pour cause !) et il sentira immédiatement le parfum délicatement vanillé de cette Orchis vanille.
Le tibétain appréciera sans doute l’incontournable senteur du Thymus serpyllum, ou Thym serpolet.
Quant à l’Hyssopus officinalis, ses propriétés n’échapperont à aucune langue européenne… Sans parler de la délicieuse soupe à l’Hysope !

Du côté des arbres, même chose.

Le Pin Cembro, arbre magnifique et caractéristique des montagnes, cache bien sont jeu à ceux qui ignorent le latin…
Car cembro vient du latin cembra, qui signifie cinq feuilles. De là, rien de plus facile d’identifier un Pin cembro en comptant le nombre de feuille sur un rameau. Eh oui, cinq !
Merci le latin : grâce à lui l’erreur n’est plus possible.

Voilà, rotondifolia ou longifolia, sans le latin, la botanique ne serait pas aussi précise, amusante et universelle ! Excusez du peu.

Alors, s’il vous plait, conservons le latin dans les écoles, nous avons tous à y gagner !

Et bien sur, la même remarque peut s’appliquer sans difficulté aux oiseaux, chers aux ornithologues !

Du latin en botanique

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