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Daniel Appell, guide naturaliste, accompagnateur en montagne

L’éléphant

Un animal fascinant que tout le monde reconnait au premier coup d’œil. Et pourtant, cette silhouette imposante cache bien des secrets. De finesse, d’intelligence, de sagesse…

Bien que dans les Alpes il soit assez rare aujourd’hui de rencontrer un éléphant au détour d’un chemin de randonnée, son passage historique n’en a pas moins marqué les esprits…

C’est normal. Car derrière une silhouette massive et finalement, peu esthétique, comparée à celle d’un guépard ou d’une fière antilope, se cache pourtant un des animaux qui me fascine le plus !
Je ne suis pas le seul.

Les éléphants présentent, comme de nombreux animaux, un concentré d’adaptation à leurs milieux de vie. Mais ils vont bien plus loin. Une vie sociale, des langages vocaux et corporels, une mémoire impressionnante, une transmission des savoirs, des capacités de raisonnement, un sens de l’itinéraire…

Voici une présentation de jumbo, cad éléphant en Swahéli. Et non, Disney n’y est pour rien !

Magasin de porcelaine ?
Tu parles.
Vous êtes en train d’admirer de magnifiques antilopes. Une grande harde d’Impala. Vous vous retournez pour attraper vos jumelles.
Et là, à 20 mètres dans le dos de tout le monde, Jumbo est là et doit bien se marrer…
Personne ne l’a entendu venir !

Car l’éléphant se déplace de façon incroyablement silencieuse. Quelques mètres dans le bush et il disparait comme par enchantement.

Tout cela grâce à la structure de ses pieds. Car il marche en fait sur le bout des doigts. Comme s’il faisait des pointes de danseuse…
Ce qui ne manque pas de charme vue la masse de Monsieur Jumbo !

Mais son doigt est entouré d’une épaisse couche de cartilage qui lui donne sa forme cylindrique. Et le transforme en amortisseur.
La plante de ses pieds, protégée par une peau épaisse, cornée mais souple, le protège des aspérités du sol et en épouse tous les défauts ou bouts de branche qui trainent.
L’empreinte que son pied imprime sur le sol, facilement reconnaissable, laisse voir un réseau de rides, un schéma unique pour chaque éléphant.
On peu ainsi reconnaitre individuellement un éléphant si son empreinte est bien nette sur le sol !

Mais revenons au bruit. Lorsque l’éléphant marche sur une branche, son pied l’enrobe comme dans un matelas, et même si la branche casse, le son est étouffé…

Dans une foret, le bruit des branches et du feuillage qu’il déplace au niveau de son corps, peut le trahir. Mais dans la savane, mieux vaut regarder dans son dos de temps en temps…

Puisque nous en sommes aux jambes. Quelqu’un de peu attentif pourrait croire qu’il en a cinq. Ce qui ferait de l’éléphant une sacré curiosité biologique.
Mais non. Quatre pattes et une trompe.
Et la trompe, c’est quelque chose… !

Un éléphant, ça trompe !
Ce n’est pas une cinquième jambe mais cela reste une sacrée curiosité biologique ! D’ailleurs, d’un point de vue évolutif, son origine est mal connue…

La trompe se compose d’environ 150 000 fibres musculaires ce qui lui donne une mobilité spatiale étonnante. Mais aussi des capacités d’extension/contraction grâce à une disposition circulaire de certains d’entre eux, comme un ressort. Ce qui permet par exemple, au repos, de poser sa trompe à terre histoire de soulager les muscles !
Et lui procure aussi une force musculaire peu commune !

La trompe est très précise dans ses mouvements. Son extrémité est bilobée, en une sorte de mini-doigt. Ainsi, l’éléphant est capable de préhension, en pince. Une sorte de main à deux doigts. Genre main de fer dans un gant de velours… Très utile… !
Elle est également couvertes de poils sensoriels, des vibrisses, qui lui donne une grande finesse tactile.
Dans la trompe, se trouve aussi deux canaux cartilagineux pour l’eau, un canal pour l’air.

Ses fonctions sont multiples : perception des odeurs, le « nez » en l’air, boire, souffler de l’eau (position « douche »), du sable, de la boue.
Mais aussi pour toucher, caresser les jeunes pour les rassurer, reconnaitre un membre de la harde et renforcer les liens.

La trompe de l’éléphant est un élément presque unique dans le monde animal, en tous cas un élément caractéristique ! Elle joue un rôle essentiel dans la vie de Jumbo.

Peut-être au même titre que ses deux grandes oreilles…

Parlez-vous l’éléphant ?
Au même titre que sa trompe, les oreilles de l’éléphant lui sont indissociables ! Car si l’odorat et le toucher sont des sens essentiels pour lui, l’ouïe monte aussi sur le podium !

Parlez-vous l’éléphant ? Oui la question se pose. Mais il faut être plus précis. Eléphant de quelle région. Car il y a des « patois » !

Mais tout d’abord, question d’oreille, si les éléphants peuvent être particulièrement sonores avec leurs fameux barrissements, le langage courant, lui, se pratique à des fréquences très basses, inaudibles pour l’oreille humaine.

Les vocalises produites avec les cordes vocales présentent des motifs distincts, répétés, d’une région à l’autre, d’un groupe à l’autre… Nous sommes loin d’avoir décrypter ces hiéroglyphes loxodontesques.

Et puis il y a ce curieux bruit produit avec leurs estomacs.

Tous ces sons à basses fréquences voyagent particulèrement loin dans la savane où les obstacles ne sont pas fréquents. Ainsi un éléphant est rarement seul même s’il semble isolé. Toujours branché, comme les ados !

Pour en finir avec les oreilles, elles sont grandes certes, ce qui permet classiquement de mieux capter les sons. Mais ce n’est pas tout, elles font aussi office de radiateur.

Vu les dimensions du quidam, on imagine bien que les évolutions adaptatives sont nombreuses. Et en effet, la face interne des oreilles des éléphants sont irriguées par un important système circulatoire. Toute la masse sanguine y fait un tour toutes les 30 minutes environ. Pas juste pour voir le paysage, mais tout simplement pour se rafraîchir à l’air presque libre !

Afin de garder une température corporelle adéquate, les éléphants disposent ainsi d’un système de refroidissement performant qu’ils n’oublient pas d’agiter aux quatre vents…

Et ce n’est pas tout ! Car si les éléphants se parlent, ils disposent aussi, comme de nombreux autres êtres vivants, d’un langage postural.

Et il y a signes qu’il ne vaut mieux pas rater ! Par exemple ceux qui préviennent l’intrus qu’il ne faut plus approcher, qu’il est de mauvais poil et qu’il souhaite ne pas être embêté.

Battements d’oreilles accompagnés du balancement de la tête, trompe levée, barrissements, pied qui frappe le sol. Si vous n’avez pas compris, gare à vous.

Car si l’éléphant se décide à charger, il ne vous reste plus beaucoup de temps pour trouver une solution : jumbo sait se montrer très rapide.

Oreilles plaquées, trompe repliée sur le cou, tête baissée : planquez tout !

À suivre…

L’éléphant

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