skip to Main Content
Daniel Appell, guide naturaliste, accompagnateur en montagne

Le Martinet

Costume trois pièces gris anthracite, profil de faux, cris stridents, vol de casse-cou, le Chasse-diable laisse, au mieux, indifférent. Au pire, il passe pour un oiseau de malheur ou est confondu avec une hirondelle ! Et pourtant…

Un athlète de haut vol
Deux fois plus lourd qu’une hirondelle, 16 cm de long hors tout et une envergure de presque un demi-mètre, le martinet dispose d’un gouvernail perfectionné à géométrie variable, d’ailes au profil parfait et d’une musculature exceptionnelle. Il peut tenir en vol pendant 7000 heures sans escale. L’A380 peut aller se rhabiller !

Un pilote hors classe
Mieux vaut suivre la sarabande des martinets du sol que d’essayer de les suivre. À 100 km/h, ils foncent entre les maisons, remontent les rues en sens unique, frôlent cheminées et antennes de télés, le tout sans clignotant, à quelques centimètres des murs ou des passants, pour une visite guidée du quartier ponctuée de cris d’hallucinés. Un manège effréné avec des piqués à 160 km/h et des virages à n’en plus finir…

La vie au ciel
Taillés pour le vol, les martinets ne disposent que de pattes minuscules. Impossible pour eux de se percher pour pousser la chansonnette. Mais cela ne les empêchent pas de décoller du sol en se catapultant dans les airs à l’aide de leurs deux longues ailes ! Pour les repas, le couvert est servi à volonté : il gobe tout ce qui se présente en vol mais sait reconnaître, en une fraction de seconde, la nourriture trop piquante à son goût : guêpe ou frelon par exemple. Il n’y a que pour couver ses rejetons que le martinet posera son sac. Car entre fin juillet, date de son départ de France, et son retour en avril de l’année suivante, il n’aura jamais mis pied à terre… Un aller-retour de 20.000 kms.

Un météorologue averti
Les cumulus sont pain béni pour les martinets. Ils signent les bulles d’air chaud qui montent à l’assaut du ciel enmenant avec elles, comme dans une nasse géante, des milliers d’insectes qui ne peuvent résister à ce geyser d’air chaud. Ils n’ont plus qu’à se servir ! Les cumulonimbus, nuages d’orages, qui avancent en projetant en altitude tout l’air chaud qu’ils rencontrent, avec son contenu, sont aussi des alliés fidèles. Les grenouilles peuvent aussi aller se rhabiller !

Dormir dans les nuages
Au coucher du soleil, les escadrilles de martinets s’en vont surfer à plus de 2000 mètres d’altitude dans les couches chaudes de l’atmosphère. Pour dormir ! Au ralenti, environ 20 km/h, ils battent des ailes pendant 4 secondes puis dorment en planant les 3 suivantes. Toute la nuit. Au gré des courants d’air. Puis, dès potron minet, ils tombent sur la ville pour une nouvelle journée de poursuites infernales…

Ainsi, juste à côté de chez vous, qui sait sous votre toit, vit l’un des oiseaux les plus étonnants du monde…

Source : La Hulotte n° 78 & 79.

Le martinet

Back To Top